Comment annoncer la couleur de tes humeurs ?


Bien que ces dernières années la santé mentale soit de moins en moins tabou, il reste assez difficile de parler de ses démons intérieurs avec sa famille ou ses amis. Mais pourquoi est-ce pourtant important d’en parler et comment s’y prendre ?


« Comment vas-tu ? »
« Bien. »

On le fait tous : poser la question sans attendre une réponse honnête. Et répondre « bien », alors que la journée, voire la période est loin d’être rose.

 

Pourquoi être honnête ? On préfère ne pas être rabat-joie. On évite de casser l’ambiance. Et puis on veut paraître « fort ». Ce n’est que logique, car il suffit de consulter Instagram, TikTok ou Facebook, et l’on s’aperçoit que tout le monde baigne dans le « bonheur ». Alors on se tait. C’est tout simplement une mauvaise passe.

 

La vérité est que trop souvent encore, on ne dit mot à ce sujet. Pourtant, les chiffres ne mentent pas. Selon Sciensano, une personne sur quatre souffrait d’un trouble de l’anxiété ou d’un trouble dépressif en mars 2022, alors qu’en 2018 seule une personne sur dix était affectée. Ça touche donc tout le monde. Peut-être es-tu directement impacté·e ou connais-tu quelqu’un qui en souffre.

 

Il semble plus simple, dans un premier temps, de garder ses problèmes pour soi. Pourtant, la spirale négative ne fera qu’empirer. Plus on cherche de l’aide et plus on en parle rapidement, mieux c’est. Parler à cœur ouvert a du bon à plusieurs niveaux : c’est le premier pas vers un rétablissement, mais c’est aussi un lien important entre la personne qui souffre et la personne de confiance. Finalement, c’est une manière de briser davantage le tabou.

 

Alors, parlons-en. Mais comment faire ?




Prépare-toi

Tu as décidé de parler sans filtre de ta santé mentale. Sage décision. Une fois décidé·e, tu es peut-être impatient·e d’engager une discussion. Pourtant, l’impulsivité n’est pas ton meilleur allié ici. Prends d’abord le temps de faire le point. Que veux-tu partager et que veux-tu garder pour toi ? Qu’est-ce qui ne va pas ? Qu’est-ce qui te fait mal, te fait perdre confiance ou te rend malheureux·se ? Réfléchis à des exemples concrets qui ont un impact important sur ta santé mentale. Concrètement, comment te sens-tu ? Depuis combien de temps es-tu en proie à ces sentiments ? Y a-t-il eu un facteur déclencheur ? Pourquoi souhaites-tu en parler ? Et qu’attends-tu de cette discussion ? Cette introspection peut t’aider à mener une discussion lucide. En plus, elle te prépare aux questions qui ne manqueront pas d’être posées.


Choisis une personne de confiance

La personne à qui tu montres ta vulnérabilité est cruciale. Ici aussi, il faut bien réfléchir : à qui peux-tu suffisamment faire confiance ? Qui t’écoutera sans porter de jugement ? Avec qui te sens-tu tellement en confiance pour oser parler librement ? Il s’agit peut-être d’une personne proche, comme un membre de ta famille ou un ami. Mais il peut s’agir d’une personne qui est moins proche aussi, comme un collègue par exemple.

 

Tu préfères parler à un·e parfait·e inconnu·e ? Il existe de très nombreuses assistances professionnelles.

•    Chatte avec le Tele-Onthaal ou compose le 106 (24/7)

•    Les enfants et les jeunes peuvent chatter avec Awel

•    Des questions sur le genre et la diversité sexuelle ? Pose-les à Lumi

•    Des idées suicidaires ? Chatte avec le de zelfmoordlijn ou compose le 1813


Attends le moment propice

Le timing aussi est important. Pendant la pause-café, à l’occasion d’une fête ou en compagnie de tes enfants ? Ce n’est pas le bon plan. Assure-toi d’avoir le temps et l’espace pour donner ta version des faits sans être dérangé·e. Il est important que toi et ta personne de confiance puissiez vous concentrer sur la discussion.


Fais-le à ta manière

L’endroit aussi est capital. Idéalement, c’est un face-à-face dans un espace calme. Mais peut-être es-tu plus à l’aise pour ton cœur lors d’une balade.


Fais-le à ton rythme

Lors de ton introspection, tu t’étais engagé·e à t’ouvrir et à être honnête ; maintenant que tu te trouves face à ton interlocuteur, les choses semblent plus épineuses. De là l’importance d’avoir suffisamment le temps (voir conseil précédent) afin de pouvoir trouver les mots justes. Ne panique pas en cas de silence et ne ris pas de tes affirmations. Rien ne t’empêche d’indiquer que cette discussion n’est pas facile pour toi. Si tu as choisi la bonne personne, elle te donnera le temps qu’il te faut pour trouver les mots. N’hésite pas non plus à t’appuyer sur ta préparation lorsque tu perds le fil de l’histoire.




Précise tes attentes

Tu les as déjà couchées sur papier, mais précise-les clairement à ton interlocuteur. Qu’attends-tu précisément ? Tu as besoin de parler et attends de ton interlocuteur qu’il t’écoute attentivement ? Tu veux qu’après cette discussion, il prenne régulièrement de tes nouvelles ? Tu veux qu’on te sorte de cet isolement et aimerais régulièrement partager une activité sociale ? Ou tu espères plus encore, des conseils ou même une aide concrète ?


Prépare-toi à une réaction négative

Si tu as judicieusement choisi ton interlocuteur, il y a de fortes chances que la discussion se passe bien. Pourtant, il peut arriver qu’il réagisse autrement que ce que tu attendais ou espérais. Dans certains cas, l’interlocuteur n’a pas encore fait face à des problèmes mentaux. Dans d’autres cas, il trouve le sujet trop déstabilisant. Des différences culturelles ou certaines attentes peuvent aussi entraver la compréhension. Des réactions comme « tu dois broyer moins de noir », « c’est juste une mauvaise passe » ou « tourne la page » peuvent être particulièrement décourageantes. Essaye d’expliquer tranquillement que tes problèmes mentaux sont trop importants pour parler d’une « mauvaise passe » simplement. Si ces paroles ont peu d’effet sur ton interlocuteur, essaye autre chose.


Franchis le deuxième cap

Tu as fait le premier pas, un pas de géant. Tu peux être fier·ère de toi. Si tu as bien choisi ton interlocuteur, tu as dorénavant une personne de confiance vers qui te tourner et ça, ça vaut de l’or. Il y a toutefois un deuxième cap à franchir : fixer un rendez-vous avec un professionnel de santé. Consulte ton médecin généraliste qui t’orientera vers la bonne personne ou cherche un prestataire de soin adéquat dans ta région sur Le Portail Belge de la Psychologie et du Bien-Être.


Tiens bon

N’oublie pas qu’il faut du temps pour aller mieux. Dépendamment du problème, ça peut prendre des mois, voire des années. Il n’est pas impossible que tu doives essayer différents prestataires de soin et traitements avant d’accrocher. C’est tout à fait normal. Il n’existe pas de traitement universel, la quête fait partie du processus. Tiens bons. Et sache que les problèmes mentaux sont fréquents et traitables. N’oublie jamais qu’après la pluie vient le beau temps.

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